Accueil > Réflexions et références > C’est quoi un/e psychothérapeute ?
Voici un texte proposé par Isabelle Bertrand, membre adhérente d’Alter-Psy, sur son blog. Elle nous permet de le reproduire ici pour partager sa réflexion.
Vaste question à laquelle je ne vais, bien sûr, pas répondre. Mais je ne résiste pas au plaisir de vous écrire...en toute subjectivité assumée ! ;-) (et puis ça faisait longtemps, non ? )
La ministre de la santé, Madame de Block, voudrait légiférer et faire rentrer la profession de relation d’aide dans des cases. Autrement dit, seuls les psychologues, médecins et orthopédagogues pourraient avoir, et encore, selon plusieurs critères, le droit de vous parler, de vous aider à aller mieux...et vous seriez remboursés de leurs prestations. Tant mieux pour votre portefeuille finalement.
Et certes, il existe des personnes vraiment chouettes, vraiment professionnelles qui vont remplir tous les critères d’admissibilité.
Moi, je suis conseillère conjugale et familiale. Officiellement. C’est un diplôme tout ce qu’il y a de plus légal. Qui permet de travailler en centre de planning familial par exemple. Ou en tant que profession libérale. C’est une formation validée par un diplôme reconnu par la Wallonie, une formation de promotion sociale. Le genre de formation que les gens font, pour la plupart, après 30 ans. Quand ils se posent des questions sur le sens de leur vie. De leur vie professionnelle et personnelle. Et qu’ils ont envie de mettre leur expérience personnelle au service d’autres personnes par exemple. C’est une formation peu connue. Et encore moins reconnue.
Et quand on y ajoute d’autres formations, moins officielles et donc encore moins reconnues, on bascule dans le potentiel “délit de sale gueule”, vous voyez ? Les charlatans, les pseudo psys, les psychologues de comptoir....
Alors j’ai envie de vous dire...
Faites-vous confiance. Faites confiance à ce que vous sentez, ce que vous ressentez dès la première consultation.
Oui, il y a des manipulateurs, des pervers, des incompétents, des “tout-puissants”, des inaptes, des incapables, des inadaptés, des menteurs, des escrocs, ...
Et parfois, ils ont des diplômes prestigieux.
Il y a des thérapeutes qui ne vous conviendront pas, qui ne vous satisferont pas, qui ne vous “reviendront” pas, faites-vous confiance, trouvez celui avec lequel vous vous sentez bien, compris, écouté (ce qui ne veut pas dire forcément encouragé dans vos comportements, bercé, écouté avec complaisance...on risque alors d’être dans la séduction).
On m’a déjà demandé d’être plus confrontante, plus dure, plus incisive...Je ne peux pas. Ce n’est pas ce que je suis, ni ce que je fais. Alors je réoriente ces personnes. Je ne serai pas la thérapeute qu’ils désirent pour leur faire plaisir. Je préfère “perdre” une personne que me perdre moi-même.
Ca demande une remise en question perpétuelle. Vous savez, on est des êtres humains aussi, comme les autres. Comme vous. On est des hommes, des femmes, des pères, des mères,.... Les doutes,les questionnements, les manques de confiance en soi, on les a connus et parfois on les connait encore. Méfiance si on vous dit ou montre le contraire !
Si on a choisi d’aider les autres, c’est au au prix (au propre comme au figuré) d’un énorme travail sur soi. Le thérapeute est son propre outil de travail. Concrètement cela signifie des supervisions (mensuellement, cela coûte autour de 70€), des formations (qui tournent annuellement autour des 2000 à 2500€, parfois même beaucoup plus), nécessaires pour étoffer sa palette de compréhension et d’intervention, des thérapies personnelles parfois, pour ne pas mélanger ses blessures avec celles de son consultant. Cela explique les tarifs demandés en privé. C’est bien joli de pratiquer son art mais il faut pouvoir remplir son frigo aussi !
Cela implique à certains moments des interventions “hors cadre”, c’est-à-dire hors des horaires et conventions strictement convenues entre le “patient” (personnellement je déteste cette dénomination) et le thérapeute. Cela demande des réflexions, des lectures, des échanges entre pairs...et tout cela sans rémunération.
Ce que je vous explique n’est pas lié au titre de conseillère conjugale et familiale. Pour tout vous dire, ce titre a très peu d’importance finalement.
Ce qui m’importe, c’est de vous apporter ce qui va vous aider.
Vous savez, j’ai une croyance (enfin, si je n’en n’avais qu’une...) : on ne peut transmettre vraiment que ce en quoi on croit vraiment. Et j’adore transmettre. Vous dire que oui, c’est possible. Oui, vous pouvez. Oui, vous êtes quelqu’un de bien. Je le crois sincèrement !
Je vous souhaite le meilleur.
Isabelle Bertrand
Publié le 01/12/2017